jeudi 13 octobre 2011

Crissement amer du sable fin et frais 
entre les orteils nus 
des enfants du soir. 
Ils avancent,
pauvres et frêles 
face à l'infinie et bruyante étendue d'eau 
qui, en face d'eux, 
bave et crache comme 
une bête enragée. 
Ils avancent, 
légers corps fragiles 
que la légère brise déstabilise 
doucement, 
alliée au sable traitre qui, 
fraîche caresse, 
s'enfuit en murmurant 
sous la plante de leurs pieds.

Elles dégringolent, silhouettes frivoles,
suivant dans le ciel la course
du soleil
qui tombe
tirant à lui sa chatoyante pelisse.
Elles se relèvent, silhouettes folles,
s'époussettent
les silhouettes se collent.

L'eau bruisse, 
la nuit chuchotte
le sable chantonne
la silhouette vit.

Elle se mouvoit
en douceur
se séparant
parfois
laissant entrevoir
courbes et déliés.

Ce sont des corps graciles qui s'unissent dans la nuit
Deux bouches qui aspirent, 
mordent
gémissent
salivent
appellent
embrassent
s'ouvrent
se ferment. 

Et chacune des silhouettes
bout. Les corps
font hurler
le sable.
Le sable
bout le sable
fond le sable est
du verre 
le monde hurle
la mer oublie 
son mouvement perpétuel
la lune cache ses étoiles et 
revient le jour.

La silhouette se tends à se rompre
comme le spasme d'un moribond 
et d'elle 
s'échappe 
un cri
inhumain.

« Excuse-moi, chérie, je t'ai éjaculé dans les cheveux.
 - Un peu dans les yeux aussi.
- Ah. Pardon. »