Crissement amer du sable fin et frais
entre les orteils nus
des enfants du soir.
Ils avancent,
pauvres et frêles
face à l'infinie et bruyante étendue d'eau
qui, en face d'eux,
bave et crache comme
une bête enragée.
Ils avancent,
légers corps fragiles
que la légère brise déstabilise
doucement,
alliée au sable traitre qui,
fraîche caresse,
s'enfuit en murmurant
sous la plante de leurs pieds.
Elles dégringolent, silhouettes frivoles,
suivant dans le ciel la course
du soleil
qui tombe
tirant à lui sa chatoyante pelisse.
Elles se relèvent, silhouettes folles,
s'époussettent
les silhouettes se collent.
L'eau bruisse,
la nuit chuchotte
le sable chantonne
la silhouette vit.
Elle se mouvoit
en douceur
se séparant
parfois
laissant entrevoir
courbes et déliés.
Ce sont des corps graciles qui s'unissent dans la nuit
Deux bouches qui aspirent,
mordent
gémissent
salivent
appellent
embrassent
s'ouvrent
se ferment.
Et chacune des silhouettes
bout. Les corps
font hurler
le sable.
Le sable
bout le sable
fond le sable est
du verre
le monde hurle
la mer oublie
son mouvement perpétuel
la lune cache ses étoiles et
revient le jour.
La silhouette se tends à se rompre
comme le spasme d'un moribond
et d'elle
s'échappe
un cri
inhumain.
« Excuse-moi, chérie, je t'ai éjaculé dans les cheveux.
- Un peu dans les yeux aussi.
- Ah. Pardon. »